Bibliographie

De Franz Jalics, sj :

  • Ouverture à la contemplation : Introduction à l'attitude contemplative et à la prière de Jésus. Collection Christus, Desclée De Brouwer, 2002.

  • La prière de contemplation, Editions Jésuites, Fidélité, 2008

  • Désir de Dieu : aller plus loin avec Jésus, Vie Chrétienne, 2021

De Karin Seethaler :

  • La force de la contemplation : trouver la guérison dans le silence, Editions Jésuites, Fidélité, 2016

  • La méditation spirituelle : pour l'harmonie avec Dieu, soi et les autres, Vie Chrétienne, 2019

  • La voie de la contemplation : y entrer et persévérer, Vie Chrétienne, 2023

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Père Franz Jalics SJ, maître de prière (extraits)

Discours revu et corrigé de Peter Musto SJ lors des obsèques du Père Franz Jalics SJ Budapest, 12.06.2021

Il ne sera pas question ici de la biographie du père Franz Jalics. Celle-ci peut être consultée à de nombreux endroits. Il ne s'agit pas non plus de souvenirs personnels. Bien que son regard, son étreinte, ses paroles de clarification, les conversations que nous avons eues avec lui résonneront toute notre vie. Mais il y a un livre commémoratif pour cela. Je n'ai pas non plus besoin de raconter à quel point nous avons été profondément marqués par son existence. Il nous a appris à prier. C'est de cela qu'il s'agit ici.

Mets-toi en présence de Dieu.
Franz a choisi comme devise de sa maison de retraite à Gries la parole de saint François de Sales :

« Si ton cœur se promène ou souffre,
ramène-le doucement à sa place et place-le doucement en présence de Dieu.
Et si tu n'as rien fait d'autre dans ta vie
si ce n'est de ramener ton cœur et de le remettre en présence de Dieu
- bien qu'il s'en aille chaque fois après que tu l'as ramené -,
alors tu auras accompli ta vie ».
(François de Sales)
[…]

Sa manière de prier
Franz ne se tourne pas vers Dieu avec des mots, des images ou des sentiments, mais sans paroles, dans le plein recueillement de l'être corporel. Dans le silence, sans bouger. Sans la médiation du langage ecclésiastique traditionnel. Il ne demande rien à Dieu. Il se contente d'écouter. Il écoute. Il se tait aussi profondément qu'il le peut, pour entendre le moindre mouvement en lui. Pour pouvoir percevoir aussi ce qui reste caché derrière la conscience quotidienne. Pour s'abandonner entièrement à l'action de Dieu, qui dépasse la pensée rationnelle et la volonté.

Franz a pratiqué et fait pratiquer l'attention, ce que l'on peut appeler la prière contemplative, méditative, intérieure. Ce qui est connu comme la prière du cœur, la prière de Jésus, l'hésychia, la prière de la paix dans la tradition de la spiritualité chrétienne.

Franz n'a pas inventé quelque chose de nouveau. Il ne voulait pas supprimer les Exercices spirituels ignatiens, abolir les exercices spirituels. Au contraire, son intention était d'actualiser les Exercices spirituels de son fondateur, de renouveler la prière pour ses contemporains en proie au doute.

« Oriente-toi vers Dieu »
Tu trouves Dieu dans la réalité, pas dans ton imagination, pas dans tes pensées. Dieu agit en toi. Il agit dans tout ce qui se passe. Dieu est dans le présent. Il n'a pas de passé ni d'avenir. Mets-toi dans son présent. C'est là que Dieu agit.

Arrête de demander ! - Dieu sait mieux que toi ce dont tu as besoin.
Ne te préoccupe pas de tes péchés. - Ne focalise pas ton attention sur tes erreurs et problèmes, mais sur Dieu. Ne lutte pas contre ce qui est sombre en toi ou dans le monde, mais confie-toi à l'action du Créateur dans sa création.

Lorsque tu pries, ne cherche pas les causes de tes problèmes. Ne cherche pas de solutions.
Fais confiance à l'Esprit de Dieu pour te guider.

Ne porte pas de jugement, mais prends acte de ce qui est reconnu. Aussi douloureux que cela puisse être. Tu pries bien si tu endures ce dont ta vie t'accable, tout en restant centré sur Dieu. Reste orienté.

Reviens toujours à la perception. Toujours à la réalité. Reviens toujours au présent. C'est uniquement dans cet exercice d'attention que se trouve ton action.


Les fruits des exercices de prière sont toujours un cadeau.
La prière a une discipline, un ordre. Elle exige de la persévérance. Nous apprenons à prier et nous nous entraînons, comme pour tout art. Comme la natation. Les artistes doivent s'exercer et souffrir, mais leur art est un don, comme la vie.

La prière est un exercice d'attention. L'adhésion rationnelle à des vérités de foi n'est pas une condition préalable. Même les non-chrétiens, même les non-croyants peuvent prier, voire méditer avec le nom de Jésus. Le Fils de Dieu n'est pas seulement le Sauveur des chrétiens. Les croyants et les non-croyants, l'Orient et l'Occident peuvent se rencontrer dans la prière. Le même Dieu nous fait tous vivre.

La prière présuppose la confiance. Ce n'est que bien plus tard que nous apprenons à quoi servent les exercices. Le fruit de la prière est toujours surprenant. C'est un cadeau. Il ne peut jamais être forcé.

« Le bon noyau en nous »
La rencontre avec Dieu n'est pas la récompense de nos efforts. Dieu est déjà présent, avant même que nous commencions à prier. C'est en Dieu que nous vivons, que nous bougeons et que nous sommes. Comme la parabole de la vigne et des sarments le laisse deviner (Jn 15). Nous sommes bons lorsque Dieu agit en nous. Nous n'avons pas besoin d'être purs, parfaits, sans péché, pour être accepté par Dieu.

Le « bon noyau » dont parle Franz dans Ouverture à la contemplation est la force créatrice divine, la lumière, la capacité de produire de bons fruits en nous.

Franz gardait la communauté à l'esprit.
Pour Franz, il ne suffisait pas de méditer et de se mettre à l'écoute de l'intérieur pour parvenir à la maturité spirituelle. Il accompagnait exclusivement des retraites communautaires et organisait chaque jour un échange.

Lors de ces séances de partage, les participants s’écoutaient les uns les autres. Ils pouvaient ainsi comprendre ce qui se passait chez les autres. Ainsi, malgré le strict silence, ils pouvaient apprendre à se connaître, découvrir des similitudes, souffrir des différences et apprendre à être attentifs les uns aux autres.
[…]

Ne pouvoir qu'aimer
Jeune jésuite, Franz a récité la prière de saint Ignace :

« Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j'ai et tout ce que je possède. C’est toi qui m’as tout donné, à toi, Seigneur je le rends. Tout est à toi, disposes-en selon ton entière volonté. Donne-moi seulement de t’aimer et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit ».

Dieu exauça sa prière. Dans la maison de retraite, il ne lui restait plus que son regard rempli d'amour.

Peter Musto, Dobogokö, le 21.9.2021

”La porte qui mène à l’être et aux bienfaits du présent ne s’ouvre pas par la pensée mais par la perception.”

Karin Seethaler
(La Force de la contemplation)